vendredi 31 décembre 2010

Northern Soul: The Remarkables "Easily Mislead"




Parmi les disques qui n'avaient absolument aucune valeur, genre cinq dollars il y a quelques temps et dont le prix a augmenté, sans être excessif non plus, depuis peu chez les grand vendeurs spécialisés NS Outre-Manche, on trouve ce magnifique single double faces crédité et chanté par Frank Wilson. Celui-ci est sorti sur le label Audio Arts! à Los Angeles, villes hautement productive par la diversité de ses labels et de ses grandes compagnies dont cette ville regorgeait, sans oublier ses producteurs de génie, dans cet univers de la Northern Soul. Audio Arts! figure parmi ceux ci et c'est un petit label distribué par le groupe Bell, Amy, Mala records à New-York.


En l'occurrence, ce groupe est appelé The Remarkables feat: Frank Wilson et Vance Wilson. Pour Franck Wilson, je ne suis pas certain qu'il s'agisse du même chanteur et producteur légendaire de chez Motown, Mr "Do I Love You", car il est difficile de trouver des info précises et détaillées. Peut-être s'agit-il de ses débuts? En tout cas Vance Wilson a lui même sorti d'autres singles pour le label Revue, en Californie, sous le pseudonyme de Frankie Vance comme "Do You Hear Me Baby" en 1969. Par ailleurs on retrouve des morceaux écrit pour Barbara Randolph comme "It's Not Necessarry" et "Why Did You Runnaway", ou encore de Marvin Gaye & Tammi Terrell "Oh How I Miss You" chez Motown crédité à ce duo d'auteurs producteurs et compositeurs.



Pour en revenir à ce single chroniqué, il s'agit bien là d'une petite merveille, qui n'eût sûrement aucun succès à sa sortie en 1965, comme cette face B "Easily Mislead", un morceau mid tempo dancer avec de très bon choeurs féminin et une orchestration exceptionnelle, un titre très Northern Soul subtile et raffiné, plutôt aéré. J'aime particulièrement le passage avec la reprise au piano, où viennent s'ajouter les cuivres, jusqu'au retour des choeurs pour créer un final parfait.


Quand à son autre face qui est tout aussi excellente "Is The Feeling Still There", un titre plutôt solide de Northern Soul, plus traditionnel et très caractéristique du label comme d'autres productions telles que celles des Incredibles ou de Cassietta George. Ce morceau avait déja été compilé sur Golmine dans "The Northern Soul Of L.A." A noter que ce groupe a également sorti un autre single pour ce même label appelé "I Can't Give Up On Losing You", qui est tout aussi intéressant et dans un registre plus dansant. Un label à découvrir!


Par Early Sounds






lundi 27 décembre 2010

Northern Soul: Yvonne Baker "Mend The Torn Pieces"



Lorsque l'on est amateur de sonorités anciennes comme la Soul et plus particulièrement la Northern Soul, féru de disques originaux en format 45 rpm, parfois le prix de certains singles, peu freiner ou alors il oblige à chercher d'autres titres plus abordables voir moins connus des grandes playlists, ou dans un autre cas il faut se procurer le morceau en question sur une compilation ou une réédition single, si elle existe.

Tout ceci pour vous parler d'un single très intéressant, découvert récemment, de Yvonne Baker, la chanteuse du groupe Doo Woop The Sensations, dont cette formation ou plutôt ce quartet, changea au cours des époques. Ce groupe originaire de Philadelphie, en Pennsylvanie, ont enregistré pour des labels tel que Atco en 1954 avec un succès relatif entre 1955' et 56' avant de se séparer. Ce sera seulement dès 1961' que leur manager leur proposeront de se reformer car l'époque était propice à ce type de groupe. Mais en signant cette fois ci pour le label Argo, une division du groupe Chess à Chicago, ou ils obtiendront le plus de hits de leur carrière au début des années 60' avec "Music, Music, Music", "Let Me In" et "That's My Desire". Puis ce sera pour les labels Cameo Parkway et Junior qu'ils poursuivront leur chemin, sur d'autres labels comme Tollie, Jamie ou encore Modern à Los Angeles avec l'excellent "My Baby Needs Me".

Parler de Yvonne Baker, cette chanteuse culte sur la scène Northern Soul, sans évoquer son titre "You Didn't Say A Word", serait un oubli impardonnable! Tant ce morceau est incontournable. On le trouve sur le label Cameo Parkway. Aussi magnifique que inaccessible, surtout de nos jours, dans son pressage d'origine, mais il est très facile de se procurer une réédition pour ce morceau légendaire et inoubliable, popularisé dans les 70's à l'époque du club appelé le Wigan Casino dans le nord de l'Angleterre. Pour l'anecdote, ce morceau fait partie d'une scène et de la B.O. du film "Soul Boy" sortit récemment dans les salles Outre-Manche qui retrace la période ou cette jeunesse Anglaise venant de la classe moyenne, s'intéressait alors à cette musique Afro Américaine restée jusqu'alors inconnu.

Quand à ses autres chansons, peut-être moins spectaculaires, comme cet excellent single double faces: "Mend The Torn Pieces" et "I Can't Change" sortit sur le label Junior de Philadelphie, Deux morceaux absolument remarquables, qui ont été écrit, produit et arrangé? (Car le crédit de production sur le label est atribué à Kae Williams). Par les incontournables Mike Terry et Jack Ashford (The Funk Brothers), la légendaire Detroit Team: Pied Piper production, dont nous avions déjà parler précédemment, dirigée par la productrice et chanteuse Lorraine Chandler, qui a également chanté "I Can't Change" sur le label RCA, qui est aussi une énorme pièce de Northern Soul. Quand à la version par Yvonne Baker, qui est très intéressante aussi, mais peut être moins dynamique au première abord, possède une bonne ligne de basse très en avant, de très bon chœur qui soutiennent le tout et un sax break final de toute beauté, peut-être joué par Mike Terry lui même; En bref une excellente version. Quand à son autre face, dans un registre beaucoup plus mid tempo, "Mend The Torn Pieces" qui à aussi été chanté par Lorraine Chandler, hasard ou coïncidence? mais qui par contre n'est pas sorti de son temps en single et a été découvert seulement en 1997 sur une compilation Kent appelée "Rare Collectable And Soulful Vol. 1" CDKENT 141. Ce délicieux morceau tout en finesse et légèreté, vous transporte par son chant féminin qui est à la perfection, l'orchestration est plutôt atmosphérique et envoûtante, une très belle réussite, ou l'on croit reconnaitre aisément la patte de ses arrangeurs.

Pour en revenir aux côté collectionneur et pour conclure cette chronique, ce single a été pressé deux fois durant les années 60', une première fois crédité à The Sensations with Yvonne Baker en 1966' sur le label Junior, numéro de catalogue 1010 et ce single à son petit prix... Et le deuxième pressage date de 1967' toujours sur le même label, mais le crédit est attribué à Yvonne Baker & The Sensations, dont le numéro de catalogue du label est 1071, dont cet éditions n'a aucune valeur pour notre plus grand plaisir. A vous de choisir si vous écoutez ou si vous collectionnez un numéro. Une démarche qui peut se comprendre aussi.

Par Early Sounds





jeudi 9 décembre 2010

Northern Soul: The Precisions "The Complete Sidra/Drew Recordings 1966-68"

Il existe une profusion de groupes remarquables qui émergèrent et que l'Amérique a pu produire durant cette 60's era, dont on imagine jamais assez la quantité. Plus précisément dans la ville de Detroit dans le Michigan, appelée Motor City, pour son industrie automobile, ville prolifique pour ses clubs R'n'B et de Jazz depuis les 50's, où les formations et chanteurs apparaissaient un jour, le temps d'un single, aussi éphémère soit-il et disparaissaient tout aussi vite le lendemain. Le groupe appelé The Precisions, qui n'aura pas bénéficié de la même mise en lumière que ceux produit par Berry Gordy comme The Temptations ou encore The Four Tops, chez Motown, ont réalisé un parcours remarquable, mais sans succès populaire ou de grand hits majeur, qui leur auraient permis de poursuivre une longue carrière à l'image de leurs contemporains. Toute leur discographie est remarquable, intéressante et de qualité. De par leurs producteurs et arrangeurs, leurs musiciens qui ne sont pas crédités, mais où il ne fait aucun doute qu'il s'agit de la formation la plus underground et productive de cette époque, restée dans l'ombre du géant à Hitsville, appelée The Funk Brothers.

Ce groupe, celui de Detroit, (car beaucoup d'autres se sont appelés du même nom à la même époque, on en retrouve à New-York, Philadelphie & Boston, mais ils n'ont absolument rien à voir avec cette formation constituée de Arthur Ashford, Michael Morgan, Billy Prince & Dennis Gilmore), a débuté sa carrière sur le label D-Town, un des nombreux label du producteur énigmatique mais non moins charismatique appelé Mike Hanks dont on peut citer les prestigieux labels Mah, Wheelsville, Premium Stuff & Wee-3 aussi, ou l'on aimerait, si cela était possible, obtenir tout les numéros de ses catalogues de labels, un parcours absolument sans fautes pour ce producteur de génie. Ils réaliseront deux singles uniquement, intitulé: "Mexican Love Song" et le très rare mais non moins sublime "I Wanna Tell My Baby" listé à 1500 Livre Sterling, car très peu de copies existent malheureusement.

Ensuite, entre 1966 et 68, ce sera pour le producteur George McGregor qu'ils enregistreront sur le label Drew, une division de Sidra records, cinq singles absolument fantastiques et incontournable . Car ces morceaux ont bénéficié d'arrangements exceptionnels du légendaire Dale Waren et du jeune Mike Terry où l'ont retrouve toute la magie et le groove du son si caractéristique de Detroit. Ce premier single "Such Misery", qui est devenu culte sur la scène Northern Soul, de par son instrumentation avec sa ligne de basse et ses petites notes de guitare, est remarquable pour sa construction progressive et envoûtante, relativement lente et qui vous emporte avec ses envolées lyriques. Ils existent une autre version unissued par Timmy Willis, un autre chanteur du label Sidra (Mr Soul Satisfaction). On peut citer aussi un autre disque plus mystérieux encore basé sur le même instrumental, appelé Stemmons Express "Woman Love Thief" sorti sur le petit label Karma, puis en édition nationale sur Wand.


Leur second single "What I Want" est un mid tempo d'une réussite sans précédent, pour son introduction aux violons et son atmosphère pesante, tout en retenu, par la suite le morceau prend forme et vous transporte comme par magie dont ce groupe avait le secret. un chef d'œuvre absolu! Mais il existe deux faces B pour ce single, l'une fait partie des grandes rareté de cet univers de la Northern Soul, comme ce "Sugar Ain't Sweet" avec le prix qui va avec... Quand à l'autre face B, la plus courante, il s'agit de l'impressionnant "Why Girl" que j'apprécie tout particulièrement pour son énergie et son petit riff de guitare en introduction. C'est sûrement mon single préféré de ce groupe, deux faces superbes et très différentes. D'autant plus qu'il est très facile de se procurer un exemplaire en pressage original pour très peu cher, que demandez de plus?

Le troisième single, leur plus connu parmi les aficionados des All Nighters, "If This Is Love (I'd Rather Be Lonely)" restera leur morceau d'anthologie, très populaire au club légendaire The Wigan Casino. Ce morceau a été produit et écrit par Martin Coleman, Charles Bassoline & Michael Valvano (In-The Pocket production). On retrouve toute la magie des productions de Detroit, une orchestration subtile et raffinée avec des percussions et de bien belles harmonies vocales dont ce groupe maîtrise à la perfection. En invité, Lou Ragland joue de la tambourine. Un grand classique dont on ne se lassera jamais, un des chef d'œuvre de Mike Terry comme arrangeur. A noter qu'il existe une version plus tardive de Eddie Spencer qui est tout aussi intéressante.


Leur Quatrième single "Instant Heartbreak (Just add Tears)"/"Dream Girl" est toujours aussi intéressant et sophistiqué, doté d'arrangements et d'une structure très marquée du style de Detroit, deux faces solides de Soul, quoi que peut-être moins percutante à la première écoute que leurs singles précédent.

Quand au cinquième et dernier disque du groupe, pour le label Drew, qui en enregistrera encore deux autres pour Atco, la division de Atlantic, avant de splitté, est un petit bijou appelé "A Place", un titre absolument délicieux et incontournable. Le chant et les chœurs sont sûrement à leur apogée, dans ce morceau dont on aimerait qu'ils ne s'arrêtent jamais. Un bien joli parcours pour ce groupe connu des amateurs de Northern Soul et malheureusement inconnu du grand public. Un disque qui n'a bien sur absolument aucune valeur.

Le label de réédition Joe Boy spécialisé dans les morceaux unissued, leur rend hommage en 2009, avec une bien jolie compilation en format Cd' regroupant tout ces titres avec des inédits en bonus et les raretés, ils ont également sorti en vinyles, deux EP' reproduisant le label Drew à l'identique incluant le fameux "Sugar Ain't Sweet", la première version avec le chanteur original en lead vocal Paul Merrit sur "Such Misery"et surtout deux morceau inédits "I Do Don't You" et "Baby You're Mine" chanté par Lou Ragland, de quoi largement intéresser et ravir les collectionneurs. Ces EP' existent aussi en Picture Sleeve. Du très beau travail! Mais attention pressage limité.

Par Early Sounds


PS: Je n'ai pas mis en écoute "If This Is Love" et "Such Misery", mais vous trouverez très facilement des écoutes sur youtube pour ces morceaux fondamentaux et incontournables



dimanche 5 décembre 2010

French Soul : Vigon "Popcorn popcorn" & "Harlem Suffle"

Lorsque l'on évoque les sixties en France on pense au Rock'n'roll et aux Yéyés. En effet, menés par Claude François, Johnny Hallyday ou encore Sylvie Vartan, bon nombre d'artistes français de l'époque ont ré-interprétée (en français) les standards rock'n'roll mais aussi ceux de la Motown, d'Otis Reddins et autres chanteurs de la scènes soul et Rhythm & Blues américaine.
Vigon, artiste méconnu aujourd'hui, est proche de cette scène mais il reste néanmoins un ovni, un chanteur très singulier. En effet ce jeune marocain chante en anglais et est une vrai bête de scène digne d'un James Brown. D'ailleurs dans les années 60, on le prenait pour un afro-américain.

Abdelghafour Mohcine plus connu sous le nom de Vigon a passé son enfance au Maroc où il découvre le Rhythm & Blues dans les bases américaines de son pays.
Agé de 19 ans, Vigon débarque en France en septembre 1964. Quelques mois après son arrivée en France, il va la rencontre d'Henri Leproux (Fondateur du célèbre Golf Drouot) et lui demande de chanter dans son club. Le 22 novembre 1964, Vigon est sur la scène du Golf Drouot, et remporte un vif succès auprès du public présent ce soir là. Une semaine plus tard, accompagné des Murators (Groupe où l'on retrouve au piano Alain Chamfort), il interprète sans avoir répété avec le groupe, des classiques américains ("tutti frutti" par exemple) et remporte un tremplin au Golf Drouot.



En 1965, accompagné par Les Lemons (avec Michel Jonasz à l'orgue), il s'illustre par son charisme et sa prestance sur scène en reprenant les succès de ses idoles : "Shotgun" de Junior Walker, "Respect" d'Otis Redding ou encore "Papa got a brand new bag" de James Brown.

En 65 il fait la première partie de Bo Diddley, en 66 celle d'Otis Redding à l'Oympia avant que son groupe Les Lemons ne se sépare.
Par la suite il continue sa carrière en solo et enchaine les premières parties avec Les Whos, Stevie Wonder, les Rolling Stones, Wilson Pickett ou encore Sam & Dave, pour ne citer qu'eux.

Du Côté de sa discographie, il sort jusqu'en 72, un bon nombre de 45 tours, quasiment exclusivement en anglais (hormis le titre un petit ange noir adaptation du "Hold on what you've got" de Joe Tex et Al Houb El Kebir adaptation en arabe de "Only a fool"). Ce sont des reprises de standards de la musique noire américaine dont le "Harlem Suffle" de Bob & Earl qui fut son plus grand succès grâce à son Scopitone.
A noter en 1968 la sortie de l'Ep "It's all over" sur le prestigieux label américain Atlantic.
En 1972, le label Barclay sort un Greatest Hits du chanteur, compilant ainsi tous les titres (ou presque) que Vigon a sortie depuis 1965.
En 1978, après avoir écumé les scènes de France et d'Europe, Vigon retourne au Maroc où il se produit jusqu'en 1997 au Tan tan Club d'Agadir.

Récemment Vigon est revenu en France, Il se produit régulièrement à Paris et fait quelques concerts en Province.

A noter, pour les diggers, qu'en 2008 le 45 tours Popcorn Popcorn sorti en 1970 a été réédité c'est un morceau dense musicalement avec un break de batterie phénoménal en début de morceaux, un ligne de basse puissante, et des riffs de guitares dans tous les sens, et surtout la voix rocailleuse et puissante de Vigon; un petit bijou de la Soul française. Le Lp "The End of Vigon", une compilation de quelques uns de ces titres, est également disponible chez Barclay. On y retrouve le "Harlem Suffle" dont voici le Scopitone.

Par Deejay Ango